“Une réforme de la formation professionnelle qui déçoit les régions” par Delphine Gerbeau
- Posted by allwellenglish
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- Date May 5, 2023
“Une réforme de la formation professionnelle qui déçoit les régions” par Delphine Gerbeau
Lutter contre le décrochage scolaire, améliorer l’insertion professionnelle des élèves et revaloriser le travail des enseignants : ce sont les trois axes de la réforme de la formation professionnelle présentée par le président de la République, à Saintes (Charente-Maritime), le 4 mai, lui qui a déclaré vouloir faire des filières professionnelles « une voie d’excellence ». Ce sont 621 000 élèves qui sont scolarisés en lycées professionnels, soit un tiers des lycéens de France. Ils sont, en moyenne, issus de familles plus modestes et, parmi eux, 30 % de ces jeunes décrochent au cours de leur parcours et moins de 40 % des diplômés parviennent à trouver un emploi après six mois.
En octobre 2022, quatre groupes de travail avaient été lancés et ont travaillé tout l’hiver. Leurs travaux ont inspiré la réforme.
Sur le volet de la lutte contre le décrochage, Emmanuel Macron a annoncé plus de transparence sur les taux d’insertion par filière et les poursuites d’études, pour un meilleur choix des élèves. Des gratifications seront versées aux élèves pour leurs périodes de stages, qui seront allongées, ce que critiquent les enseignants. Un travail sera également fait avec tous les acteurs pour limiter le décrochage scolaire, notamment les missions locales et les écoles de la deuxième chance.
Une carte des formations calquée sur les besoins locaux
Sur l’amélioration de l’insertion professionnelle, la carte des formations va être plus élaborée en fonction des besoins locaux : chaque établissement devra réfléchir à l’évolution de sa carte des formations, du taux d’insertion dans l’emploi des élèves selon leur filière et des filières qui recrutent. Une même réflexion devra être menée au niveau de chaque bassin d’emploi, puis de chaque région, responsable de la carte des formations.
Enfin, il est question de créer un « bureau des entreprises » dans chaque lycée professionnel pour accompagner les jeunes dans la recherche de stages ou afin de développer des partenariats.
La Gazette des Communes :
Responsables de la carte des formations, les régions ont participé via l’ARF aux groupes de travail de l’automne.
L’ARF a salué, dans un communiqué, certains objectifs de la réforme, comme « faire du lycée professionnel une solution aux grands défis de notre économie, renforcer l’insertion professionnelle des diplômés en relation étroite avec les entreprises, rapprocher plus fortement l’entreprise et l’école dans une cohérence beaucoup plus forte entre l’orientation, l’information sur les métiers, le développement des compétences et l’insertion professionnelle, renforcer les moyens donnés aux enseignants pour l’exercice de leur mission et la reconnaissance de leur métier ».
Pour un vrai pilotage des régions.
Cependant, pour l’Association, la réforme manque d’ambition en n’investissant pas assez dans les métiers d’avenir liés aux transitions écologiques, au numérique et aux soins à la personne.
Point de vigilance, la remise à plat de la carte des formations afin de privilégier les secteurs en tension. François Bonneau, président de la Commission « éducation-orientation-formation-emploi » de Régions de France, a déclaré que « les régions resteront très vigilantes dans leurs décisions sur la carte des formations pour que les fermetures de sections envisagées dans le cadre de la réforme soient progressives et toujours accompagnées d’ouvertures de même ampleur sur des métiers d’avenir et sur le même territoire ».
L’ARF est aussi en alerte sur l’ouverture des nouveaux « bureaux des entreprises » dans chaque lycée professionnel, qui, pour elle, devra s’accompagner de la disparition des CLEE, globalement inefficaces, et leur remplacement par des structures copilotées par les régions et l’Etat, et non par un enseignant ou un acteur économique, comme le prévoit la réforme.
Globalement, l’ARF estime que « la question reste posée d’une vraie réforme du lycée professionnel, celle d’un pilotage régional effectif de la carte des formations et d’une pleine ouverture de la gouvernance des lycées ».
Elle insiste aussi sur le sujet de l’orientation, qui a été transférée aux régions par la loi du 1er janvier 2019 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, avec des moyens insuffisants.
Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine, alerte, quant à lui, sur l’élaboration de la carte des formations professionnelles : « Le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine pilote avec le rectorat le travail sur la carte des formations professionnelles, vecteur essentiel d’aménagement du territoire. Cette collaboration permet une vision globale, en cohérence avec les besoins des territoires et évite les logiques de concurrence entre les établissements. Privatiser le système reviendrait, comme pour l’apprentissage, à libéraliser les cartes de formations et à attiser les concurrences entre établissements et territoires. »
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